Découvrez les réponses de Yves Corminboeuf aux questions que j’avais posées, sans langue de bois ni grosse tête. Une très belle interview qu’il faut absolument lire !
Photo de Maxim Schmid
PCM France: Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter en quelques lignes pour que l’on en sache plus sur vous ?
Yves Corminboeuf: Je m’appelle Yves Corminboeuf, j’ai 26 ans, j’ai commencé le vélo par le cyclocross ou je suis devenu champion suisse à trois reprises chez les M23. En 2007 ma vie bascule, une attaque cérébrale, révèle une leucémie. Après plus d’un an, des traitements lourds de chimiothérapie, 15 kgs perdu, je reprends la compétition.
En 2011 je signe mon premier contrat pro chez BMC Mountainbike Racing Team.
PCMF: Vous faites partie de l’équipe de Mountain Bike de BMC. Une discipline du cyclisme peu médiatisée. N’avez-vous jamais songé à vous mettre à la route comme l’ont fait auparavant plusieurs grands coureurs de VTT ou de cyclo-cross ?
Y.C: Je fais énormément de route à l’entraînement, mais je n’ai jamais été attiré par ce milieu, j’aime le VTT, le cyclocross et même s’il y a moins d’argent et de médias, j’ai la chance de faire ce que j’aime et rien d’autre ne compte plus.
PCMF: Cet hiver, vous avez participé à de nombreuses épreuves de cyclo-cross, remportant notamment deux courses (à Dorigny et Chavannes-sur-Moudon). Etes-vous satisfait de votre saison de cross ?
Y.C: C’était la première année ou je ne me suis pas entièrement consacré au cross. J’ai couru jusqu’au Roc d’Azur marathon et ensuite, j’ai enchainé le cyclocross. Dès la mi décembre, ma forme a baissée, la saison de VTT a été éprouvante. Je dois mieux planifier mes phases de récupération à l’avenir.
PCMF: Le Mountain Bike reprend ses droits dès début mars. Quels sont vos objectifs pour cette nouvelle saison ?
Y.C: En 2011 j’ai découvert le marathon et j’ai obtenu des résultats réjouissants. Je vais me concentrer sur le circuit des coupes du Monde marathon. Mon but sera d’aider le plus possible notre leader Alex Moos.
PCMF: Cadel Evans a toujours été votre idole, et vous courrez à présent dans la même équipe. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Y.C: Le Team de route et de VTT n’a pas la même structure. Nous ne nous voyons pas ou très peu. Je connais Cadel depuis longtemps car il a vécu près de chez moi en Suisse. Nous avions la même masseuse. On a gardé contact, il a été là quand j’étais malade.
PCMF: Quelles sont vos conditions de course préférées ?
Y.C: J’aime beaucoup le froid et la boue mais je m’adapte de mieux en mieux au chaud.
PCMF: L’équipe BMC sur route est une équipe suisse à forte consonance américaine, puisqu’elle compte cinq américains pour six suisses. Ce n’est pas du tout la même chose dans l’équipe de Mountain Bike, qui est composée à majorité de coureurs suisses. Ce point commun qu’est votre nationalité vous apporte-t-elle quelque chose sur les compétitions ?
Y.C: Notre leader Moritz Milatz est allemand et nous parlons principalement en allemand dans l’équipe, je crois que nous ne faisons pas de différence entre les nationalités, nous avons quasi tous le même mode de fonctionnement.
PCMF: Vous êtes pour l’instant plutôt un équipier, aidant parfaitement vos leaders. Mais il vous arrive quelques fois de jouer votre carte, pour de très beaux résultats. Espérez-vous devenir leader le plus vite possible ?
Y.C: Je suis conscient de la chance que j’ai de courir pour une telle équipe, je me sacrifie dès que je le peux pour mes amis. Je n’ai pour l’instant pas la prétention de me voir en leader.
PCMF: Votre carrière est d’autant plus exceptionnelle que vous avez survécu à un cancer. Ce combat que vous menez tout au cours de l’année sur les routes ou sur les chemins est également un combat contre la maladie ?
Y.C: Oui et c’est pour cela que je profite d’autant plus des beaux moments partagés sur mon vélo. J’espère pouvoir aider les gens victimes de cette maladie au travers de mon parcours.
PCMF: Quel est votre rêve, quelque chose que vous voudriez accomplir durant votre carrière ?
Y.C: Je vous aurais dis ; participer un jour au JO, mais je dirais simplement, continuer à vivre de ma passion. Etre sur mon vélo tous les jours avec la santé pour le faire m’est suffisant.