Le Tour d’Algarve version 2012 a été marqué par deux tendances: L’échec des favoris et le retour au premier plan des espoirs déchus. Cinq jours et cinq étapes de haut niveau. 

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Le Tour d’Algarve est une petite épreuve. Oui, c’est vrai. Cette course portugaise, la plus réputée du second pays ibérique, n’a aucune chance d’intégrer le World Tour. Pourtant, la liste des participants de cette 38e édition donnait pourtant envie. La Sky, notamment, venait avec Edvald Boasson Hagen, Bradley Wiggins et Richie Porte, alors que l’on pouvait aussi voir courir le tenant du titre et champion du monde de l’exercice individuel, Tony Martin, mais également Greg Van Avermaet, Gerald Ciolek ou encore Jurgen Van Den Broeck. Un plateau relevé donc, que ce soit du côté des sprinteurs, des rouleurs ou des grimpeurs. Au total, pas moins de onze équipes World Tour avaient fait le voyage en Algarve.

Porte et Ciolek, le retour en grâce

Gerald Ciolek n’avait plus rien gagné depuis mai 2010, sur la troisième étape du Tour de Bavière. Après deux années vierges de victoire, lors desquelles Ciolek n’a brillé qu’avec intermittence, notamment sur la Vatenfall Cyclassics (2e en 2011), l’allemand semble enfin retrouver un niveau correct. Sur cette semaine portugaise, il n’a cessé de monter en puissance. 17e de la première étape, derrière, notamment, ses coéquipiers Dries Devenyns et Tony Martin, il a réussi, le lendemain, à prendre la troisième place. Après une étape difficile pour lui, à cause d’un parcours qui lui était trop défavorable, il a remporté une premier course en deux ans, sur la quatrième étape, devançant son poisson-pilote Matteo Trentin et l’australien Heinrich Haussler, mais aussi Edvald Boasson Hagen et Koldo Fernandez. Ce n’est pas une victoire au rabais !

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Pour Richie Porte, cette épreuve a une toute autre valeur. L’australien, révélé dès sa première saison chez Saxo Bank avec une victoire sur le contre-la-montre du Tour de Romandie et une septième place finale sur le Giro, assortie du maillot de meilleur jeune, il a remporté, sur la troisième étape de ce Tour de l’Algarve, une première course en ligne depuis trois ans, sur le Tour du Frioul-Vénétie julienne. Vainqueur l’an dernier de deux contre-la-montre, dont un grâce à la suspension d’Alberto Contador, l’australien a dû faire face à une opposition bien plus grande qu’en Italie il y a deux ans. Car, derrière lui, on retrouve Tiago Machado, Rui Costa, Johnny Hoogerland, Jurgen Van Den Broeck, Bradley Wiggins…Autant de coureurs qui auraient, avant la compétition, été vus largement devant Richie Porte. Celui-ci, grâce à sa troisième place sur le chrono final, remporte d’ailleurs le classement général, son premeir hors Océanie, et, surtout, il commence superbement l’année 2012. Utilisé l’an dernier comme équipier de Contador, le coureur de 27 ans, récemment arrivé à la Sky, devrait donc pouvoir montrer ce qu’il vaut réellement cette année.

Wiggins et Meersman, là où on ne les attend pas

On voyait Gianni Meersman comme un puncheur, peut-être un grimpeur s’il le devait. Mais sa pointe de vitesse, certes assez bonne, ne semblait pas lui permettre de remporter un sprint massif devant des favoris. Pourtant, mercredi, il a devancé des coureurs comme Greg Van Avermaet ou Matti Breschel, qui complètent le podium, pour s’offrir une sixième victoire professionnelle, une première sous le maillot de Lotto-Belisol, après quatre ans passés à la FDJ. Et si Meersman devenait sprinteur ? L’hypothèse n’est pas à exclure. Sa semaine portugaise fait apparaître la question. Dans une nouvelle équipe, qui semble apprécier le sprint, et dans son pays d’origine, pays de sprinteurs, le belge de 26 ans pourrait plus que jamais prétendre à devenir un spécialiste de la dernière ligne droite.

Si l’on pouvait penser que Meersman se montrerait sur la montée finale de la troisième étape, cela semblait encore plus évident pour Bradley Wiggins. Même s’il n’était pas favori du contre-la-montre final, il semblait pouvoir créer assez d’écarts sur cette montée sèche vers Malhão pour garder le maillot de leader jusqu’à la fin. Pourtant pas forcément à l’aise sur les ardennaises, le britannique était le favori de nombre de spécialistes. N’en déplaise à ces personnes, il a fait le contraire de ce qu’on attendait. Sur l’étape-reine, il a roulé corps et âme pour Richie Porte, leader de la Sky, et qui a finalement remporté l’étape, puis, deux jours plus tard, le général. Sur le chrono, Wiggins a, au contraire, joué sa carte, et de quelle façon ! On savait qu’il faisait partie des meilleurs rouleurs du peloton, mais très peu pouvaient s’attendre à le voir battre Tony Martin. Certes, l’écart est infime, mais une victoire est une victoire, n’est-ce pas ?

Les portugais, entre joie et déception

Les portugais n’ont pas échoué sur leur course. La course la plus importante de toute l’année au Portugal. Mais ils pouvaient s’attendre à mieux. Après la déception d’avoir échoué aux deuxième et troisième places de l’étape-reine, Tiago Machado et Rui Costa espéraient limiter la casse et, pourquoi pas, assurer une place sur le podium. C’est un échec, puisque les deux portugais ont perdu des places, pour terminer aux cinquième (Rui Costa) et sixième place (Tiago Machado). L’autre portugais dans le top 10 après l’étape-reine, José Mendes, a lui disparu après le contre-la-montre.

Comment Tony Martin a-t-il pu rater ça ?

Comme dit plus haut, Tony Martin a perdu pour quelques centièmes de seconde face à Bradley Wiggins sur le contre-la-montre. Quelques centièmes, c’est très peu. Mais c’est la première fois que l’on voit Martin perdre sur un exercice individuel depuis bien longtemps. En 2011, il n’avait jamais fini sur une autre marche que la première, excepté son championnat national, sur lequel son coéquipier Bert Grabsch l’avait emporté. Paris-Nice, Tour du Pays Basque, Critérium du Dauphiné, Tour de France, Tour d’Espagne, Championnats du Monde, Tour de Pékin, Chrono des Nations…Autant de courses sur lesquelles Tony Martin avait remporté le chrono individuel, apportant régulièrement une nouvelle victoire à son palmarès. Et tout cela avait commencé en Algarve, où l’allemand avait remporté le contre-la-montre clôtural, avant d’emporter le général. Cette année, il est passé à côté de la victoire. Deuxième du chrono, deuxième du général, il n’a pas réussi à concrétiser ses occasions. Mais il devrait tout de même écraser la saison, dès qu’il sera au départ d’un contre-la-montre.

Tour d’Algarve : Des retours et des déçus