Présume-t-il de ses forces ?
A quelques jours de la fin de la saison 2012, la plus belle de sa carrière, Bradley Wiggins a annoncé via son coach Shane Sutton, qu’il souhaitait remporter le Giro et la Vuelta pour entrer dans le cercle fermé des vainqueurs des trois Grands Tours, ce qui est, de l’avis de Sky, un passage obligatoire vers le statut de légende.
Wiggins a mis tout le monde d’accord en 2012, en remportant à la suite Paris-Nice, le Tour de Romandie, le Dauphiné Libéré et le Tour de France, point d’orgue d’une saison
majuscule. Le britannique a même remporté, chez lui, le titre olympique du contre-la-montre, histoire de parachever l’histoire. Pourtant, pour lui, ce n’est pas encore terminé, puisqu’il souhaiterait remporter le Giro et la Vuelta en 2013, un programme incompatible avec une participation au Tour de France.
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C’est un objectif tout à fait réalisable pour le Bradley Wiggins de 2012, fort, trop fort, insubmersible. Ne craquant que deux fois, à chaque fois face à son coéquipier, Chris Froome. Wiggins, en 2012, aura prouvé qu’il savait rouler, grimper, et même emmener un sprint, ou en gagner un lui-même, comme sur le Tour de Romandie. Cependant, le Bradley Wiggins de 2013 ne sera pas forcément égal au Bradley Wiggins de 2012. A 33 ans, il sera d’autant plus difficile pour Bradley Wiggins d’enchaîner les courses et, si le parcours du Tour de France 2012 était fait pour lui, il n’en sera pas forcément autant des Giro et Vuelta 2013. Alors que l’on devra attendre encore quelques mois avant de connaitre le parcours espagnol, on sait depuis dimanche que les cols les plus durs d’Italie seront au programme du Giro et que, malgré trois chronos, il n’y aura que 55 kilomètres d’effort solitaire sur du plat, le chrono de 20 kilomètres en côte et le contre-la-montre par équipe n’avantageant pas forcément Wiggins face à ses principaux adversaires.
C’est peut-être de la concurrence, justement, que viendra le salut pour Wiggins. Le plateau 2012 du Giro était peut-être à sa portée, mais ce n’est pas aussi sûr pour la Vuelta. Il est même quasiment certain que, face à Valverde et Rodriguez, et surtout un Contador plus qu’offensif sur les routes espagnoles, Wiggins n’aurait pas fait mieux que son équipier Chris Froome, quatrième.
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Vient encore le problème de l’âge. Wiggins a 32 ans et en aura 33 au début du Giro. Cinq coureurs ont réalisé avant lui ce triplé. Anquetil n’avait que 23 ans lorsqu’il remporta son premier Tour de France, son premier Grand Tour, autant que Bernard Hinault, un de plus que Gimondi et un de moins que Contador. Merckx, lui, avait ouvert son palmarès sur les Grands Tours par un titre sur le Giro, à 23 ans également. A 28 ans, il avait remporté les trois, contre 25 à Contador, Hinault et Gimondi, et 29 à Anquetil. Au départ du Tour d’Italie 2013, Wiggins rendra donc 4 ans au plus tardif de ces champions à remporter les trois Grands Tours. L’exploit n’en serait donc que plus beau, mais les chances de Wiggins en sont d’autant plus faibles. D’ailleurs, parmi ces cinq-là, le plus vieux à avoir remporté un Grand Tour est Jacques Anquetil, à 30 ans, si l’on excepte l’exploit de Gimondi sur le Giro 1976, sept ans après son dernier Grand Tour, à 33 ans.
Ce n’est pourtant pas sa capacité à arriver à ses fins qui fait débat, mais la manière dont il compte le faire. Bradley Wiggins, vainqueur du Tour de France 2012, ferait l’impasse sur l’édition 2013, le centième Tour ? La dernière fois que le vainqueur sortant du Tour de France a volontairement fait l’impasse, pour adopter un programme différent, c’était en 1974, lorsque Luis Ocana, vainqueur l’année précédente en l’absence d’Eddy Merckx, manquait au départ de Brest.
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Pour le vainqueur sortant, faire l’impasse sur le Tour de France est donc rarissime, voire même proscrit de nos jours. Le plus souvent, si le vainqueur n’était pas là, c’était à cause d’une blessure ou d’une interdiction de course. Armstrong, lui, avait pris sa retraite au soir de sa septième victoire consécutive, renonçant à participer en 2006. C’est donc un fait extrêmement rare de voir un vainqueur sortant renoncer au Tour de France alors qu’il a la capacité d’en être. Pour Wiggins, qui avait articulé sa saison 2012 autour de ça, la raison est peut-être plus dure à dire. En 2013, Schleck et Contador devraient être sur le Tour de France et, avec moins de contre-la-montre, les chances de Wiggins de réaliser le doublé étaient réellement faibles. Il sait qu’il ne pourra pas tenter le doublé Giro-Vuelta en 2014, à 34 ans, et il sait aussi qu’il ne pourra probablement pas remporter le Tour de France 2013. Même s’il n’a que peu de chances de remporter les deux Grands Tours l’année prochaine, c’est sur ce programme-là qu’il a le plus de chances, ce qui explique sûrement son choix. Il n’empêche que l’absence du vainqueur sortant au départ du Tour de France représente toujours un vide…
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