Pour le deuxième volet de cette série sur les trentenaires français, on reste chez AG2R avec un homme qui est arrivé dans le peloton professionnel plein de promesses de par son nom, et qui a eu du mal à confirmer. Pourtant, on tient là l’un des meilleurs sprinteurs français. A 38 ans, Hinault est au crépuscule d’une très belle carrière.

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Il est arrivé dans le monde professionnel en 1997, chez Gan. Sur la pointe des pieds. Il faut dire que Sébastien Hinault a la pression quand il signe chez Gan. Quand on s’appelle Hinault, on est forcément très attendu. Même si Sébastien n’a aucun lien de parenté avec Bernard. 

 

Il faudra deux ans au natif de Saint-Brieuc pour enfin percer. Après le changement de nom de Gan, qui devient Crédit Agricole, le sprinteur s’impose enfin, en 2000, sur le Tour du Finistère, une semi-classique bretonne, tout près de chez lui. Mais il passera le reste de l’année sans victoire.

On ne le reverra d’ailleurs aux avant-postes qu’en 2003. Il a certes remporté une étape du Tour de France en 2001, mais ce n’était qu’un contre-la-montre par équipe. Son meilleur résultat sur la Grande Boucle est une cinquième place en 2002, grâce à une échappée. 2003 sera différent. Déjà deuxième du Grand Prix de Lilliers et troisième de la Classic Loire-Artlantique, il remporte en fin d’année une étape du Tour de Pologne, une épreuve qui sera plus tard labellisée Pro Tour.

Il fait encore une belle saison en 2004, en remportant une étape du Tour d’Allemagne, mais aussi en prenant la troisième place du Tour de Vendée et de la Classic Haribo. Ces résultats lui permettent alors de s’affirmer comme l’un des meilleurs sprinteurs français.

Une tendance confirmée en 2005 avec sa troisième place sur le Circuit Franco-Belge, assortie d’une étape. Mais le reste de la saison de Hinault restera vierge de tout résultat, et il ne s’illustre pas sur le Tour de France.

Sa saison 2006 est tout autre. Comme places d’honneur, on retiendra sa troisième place sur une étape des Cinq Jours de Dunkerque, son podium sur le Tour de Vendée mais aussi sa cinquième place sur une étape du Tour de France. Mais Hinault a, en 2006, gagné. Bien plus que les années précédentes. Dès le début de l’année, il remporte une étape du Tour de Langwaki. Un peu plus tard, il remportera une étape du Tour de Picardie et enfin du Tour du Limousin. Trois victoires en un an, soit presque autant que sur l’ensemble de sa carrière jusque là.

Puis, en 2007, il passe à nouveau à côté. Vainqueur en tout début de saison d’une étape du Tour du Gabon, il passera l’année comme un fantôme. Pas un seul autre top 10 en dix mois de compétition. A 33 ans, il est peut-être temps pour Hinault d’arrêter.

Ce n’est pourtant pas l’avis du principal intéressé. Vainqueur du Tour du Limousin ainsi qu’une étape en août, il obtient un mois plus tard la consécration: Une victoire sur la Vuelta. Devant Lloyd Mondory, Oscar Freire, Greg Van Avermaet, Tom Boonen…excusez du peu. Quatre autres fois dans le top 10 sur cette Vuelta, toujours au sprint, Hinault se présente comme l’un des meilleurs français sur la dernière ligne droite, si ce n’est le meilleur. Tout ça à 34 ans.

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2009, année vierge pour Hinault. Pas une victoire, pas un podium sur une classique. Mais, si on y regarde de plus près, il a réalisé 13 top 10. Et pas sur n’importe quelle course. Une fois sur le Tour Down Under, deux fois sur Paris-Nice, deux fois sur le Giro, quatre fois sur le Tour du Limousin, trois fois sur la Vuelta et, pour finir, sixième de Paris-Bourges, Hinault a réalisé une des saisons les plus régulières de sa carrière. Pas de victoire, mais des places partout, face aux meilleurs sprinteurs du monde.

En 2010, Hinault change. Toujours pas de victoire, mais deux neuvièmes places, sur deux classiques. Neuvième de Paris-Roubaix en avril, il réitère sa performance en septembre, sur les routes de la Vatenfall Cyclassics. Pour le briochin, ce sont les premiers top 10 sur des classiques. Mais il n’a pas pour autant perdu ses qualités de sprinteur. Deux fois sixième sur le Giro, il termine, en fin d’année, deux fois dans le top 10 d’étapes de la Vuelta.

2011, la 15e saison professionnelle de Sébastien Hinault. Un chiffre qui impressionne. Mais le « vieux » du peloton n’a pas perdu son talent et sa vélocité. 8e du GP E3 en début de saison malgré un parcours sélectif, il confirme qu’on peut compter sur lui pour les flandriennes. Après des top 10 dans le monde entier, il revient sur les routes du Tour de France, quatre ans après sa dernière participation. Quatrième à Redon, septième au Cap Fréhel et à Lisieux, dixième à Châteauroux et Montpellier, Hinault passe les montagnes pour arriver sur les Champs. Encore frais, il prendra la onzième place du sprint le plus attendu du Tour. Il termine la saison sans victoire, mais avec 14 top 10. Et pourtant, il a 36 ans…

Pour ce grand monsieur qui vient de fêter ses 37 ans la semaine dernière, une seizième saison au plus haut niveau n’étonne personne. Toujours chez AG2R, équipe dans laquelle il court depuis 2009, Hinault visera la victoire, une première depuis 2008.

Les Anciens : Sébastien Hinault