Coucher de soleil
À l’heure où le continent asiatique prend de plus en plus d’importance dans le paysage cycliste, en témoigne le Tour de Pékin classé World Tour, l’Afrique reste un peu à part vis-à-vis l’UCI. Pourtant les occasions de développer cette partie du monde ne manquent pas et les ingrédients sont presque déjà mûrs.

 

Courses ou cycliste ?

C’est la question qui revient souvent lorsqu’on décide de développer un produit, une marque. Vaut-il mieux attendre la demande ou provoquer cette demande ? Ramener au cyclisme la question se résume à : créer une course cycliste pour correspondre aux coureurs ou créer des courses pour attirer les coureurs ?
L’UCI a pris le parti de la deuxième option en Asie avec la création d’un grand nombre de courses sur ce continent, Qatar, Oman et Chine plus récemment. Pourtant il n’y a pas de poussée du cyclisme dans ces pays, les équipes ne sont pas des cadres des divisions supérieures de l’UCI et parfois même les épreuves peinent à être pérennes. Leur présence à ce niveau est parfois même remise en question par les suiveurs.
En Afrique c’est le problème inverse, on ne cesse de répéter que le potentiel est là, pourtant aucun grand coureur ne désire s’exporter pour remporter l’Africa Tour, trop pauvre en course et en attrait.

L’érythréen Daniel Teklehaimanot

 

Un potentiel certain

Toujours est-il que le continent africain émerge depuis plusieurs années maintenant. Il a d’abord été question des sud-africain, Hunter en premier lieu puis vinrent Augustyn puis Impey. Depuis quelques saisons on voit arriver des érythréens comme Berhane et les frères Teklehaimanot, sans oublier les coureurs maghrébins comme Jelloul et Chaoufi.
Autre composante, l’existence d’une structure de haut-niveau en la personne de MTN. Cette équipe qui existe depuis 5 ans sous différentes formes a grandi petit à petit jusqu’à son accession à la division Continental Pro et la victoire de Ciolek sur Milan – San Remo. Cette équipe est ambitieuse en témoigne le recrutement de Teklehaimanot et Gerdemann pour 2014. Elle se pose également en fière représentante de l’Afrique en regroupant la quasi-totalité des meilleurs coureurs du continent. Une pancarte publicitaire indispensable pour faire grandir l’importance du continent sur la planète cyclisme.Pourtant malgré cela, l’Afrique peine à se développer.

 

Un calendrier décalé et un niveau faible

À l’heure où les grands coureurs posent leurs vacances annuelles, les coureurs de l’Africa Tour restent mobilisés. Le GP Chantal Biya, Le Tour du Faso ou encore le Tour du Rwanda, tant de courses du calendrier africain qui se déroule à l’intersaison ailleurs dans le monde. La faute à une chaleur qui peut être étouffante. Même constat lors de la saison cycliste en Europe. Des courses africaines ont lieu mais rares sont celles qui se déroulent après le 31 mai, encore un décalage qui ne permet pas aux grandes équipes de se rendre sur le continent africain.
Autre point important, si l’Afrique a son équipe, cette équipe représente une nation qui ne possède pas de courses enregistrées officiellement à l’Africa Tour. Ainsi il est difficile de s’intégrer dans un calendrier déjà riche. Enfin le calendrier africain est dans une grande majorité disputés par équipe nationale, et non équipe de marque…symbole du retard africain sur le reste du monde.
Quant au niveau, il peine à convaincre. Un coureur comme Sébastien Fournet-Fayard incapable de s’imposer en France est souvent placé de l’autre côté de la Méditerranée. Le résonnnement inverse vaut aussi quand on voit les difficulté de Chtouii ou Jelloul à convaincre au plus haut niveau.

Quelques nations africaines lors du Tour Cycliste International 2011 du Cameroun

 

L’argument financier

C’est là où le bât blesse. Les entreprises asiatiques peuvent se permettre de financer une équipe même si les résultats ne sont pas au rendez-vous. Le développement économique de cette partie du monde autorise les entreprises à maintenir une équipe sportive en vie sans de grosses conditions, sauf exception comme Champion Sytems.
En Afrique en revanche il n’y a pas le même développement économique et si un investisseur, comme MTN, ne s’implique pas à 100%, les entreprises n’ont pas la solidité financières pour assurer une équipe sur le long terme. C’est dans un contexte économique compliqué que les coureurs africains tentent de se faire une place. Le retard à combler est abyssale et malgré la bonne volonté de certains habitants du continent il apparait toujours étrange de voir Gerdemann signé chez MTN.

 

C’est dans un contexte économique compliqué que les coureurs africains tentent de se faire une place. Le retard à combler est abyssale et malgré la bonne volonté de certains habitants du continent il apparait toujours étrange de voir Gerdemann signé chez MTN.

 

(propos de KArt)
L’Afrique peut-elle s’en sortir ?