Les Celtics reprennent tout de zéro
Cette intersaison, qui s'achève actuellement pour laisser la place à la saison régulière, a marqué la fin d'une ère pour les Boston Celtics. Plus de Big Three, plus de Doc Rivers, et plus grand chose à espérer dans l'immédiat.
Allen en 2012, Pierce et Garnett un an plus tard
En l’espace de douze mois, les Celtics ont perdu trois futurs Hall of Famers, trois hommes qui ont contribué à écrire la légende des Celtics. Ray Allen et Kevin Garnett étaient arrivés dans le Massachusetts en 2007, respectivement en provenance de Seattle et du Minnesota. Deux pointures, des vraies. Allen, en cinq saisons chez les Supersonics, était devenu l’un des meilleurs joueurs de la ligue. Il a déjà disputé sept fois le All Star Game, et a été titré champion Olympique en 2000…aux côtés de Kevin Garnett. Ce dernier a encore plus marqué l’histoire de la NBA qu’Allen lorsqu’ils arrivent à Boston. MVP en 2004, il a enchaîné une suite spectaculaire de neuf saisons à plus de 20 points et 10 rebonds par match, dont 6 avec plus de 5 passes de moyenne. Garnett et Allen sont promis au Hall of Fame. Et les Celtics, à l’intersaison 2007, en avaient bien besoin.
Car ils sortaient d’une saison catastrophique, terminée avec 24 victoires et 58 défaites. Avant-derniers de la ligue, les recordmans de titres NBA agitent donc le marché à l’été 2007 et font venir les deux stars, qui, avec Paul Pierce, forment un vrai Big Three. Ce dernier, depuis plusieurs saisons, porte son équipe à bout de bras. Il vient de terminer la saison 2006-2007 avec 25 points de moyenne, mais n’a pu empêcher l’énorme déconvenue de son équipe. D’ailleurs, sans les recrutements de Ray Allen et Kevin Garnett, il serait peut-être allé voir ailleurs.
Il faut dire que les Celtics sont au fond du trou. Cela fait plus de vingt ans qu’ils ne sont pas allés jusqu’en finale NBA. La fin de l’ère Bird avait également signifié, pour les Celtics, une longue traversée du désert. En 2008, dès la première année de l’association Pierce-Garnett-Allen, grâce à l’apport grandissant d’un jeune meneur nommé Rajon Rondo, Boston est de retour en finale. Ce sera face aux Lakers, deuxième formation la plus titrée de l’histoire de la ligue. Les premiers des deux conférences s’affrontent. Le quatrième match se déroule en Californie. Boston, meilleure équipe sur la saison régulière, a remporté les deux premiers matchs à domicile et mène 2-1, mais ils craquent sur la première période et sont menés 35-14, plus grand écart de l’histoire des finales NBA en un quart-temps. Pourtant, petit à petit, les Celtics reviennent, comptant sur un excellent Paul Pierce. Ils prennent la tête pour la première fois à quatre minutes de la fin du match. Ils ne la lâcheront plus. Les Lakers ne s’en remettront pas. Ils gagneront le game 5, mais n’y seront absolument pas quand la finale reviendra dans le Massachusetts, perdant largement 131-92. Pour la première fois depuis 1986, Boston est champion. Deux ans plus tard, le Big Three, devenu Big Four avec l’avènement de Rajon Rondo, est de retour en finale. Cette fois-ci, ce sont les Lakers qui s’imposent, en sept matchs, à l’issue d’une nouvelle série explosive et grandiose. De quoi faire entrer Pierce, Garnett et Allen dans la légende du club.
Pourtant, trois ans plus tard, il n’en est plus rien. Fan des Lakers dans sa jeunesse, Pierce aura formé, pendant quinze ans, l’âme de l’ennemi intime du club de LA. Il a appris à aimer cette équipe qu’il aurait pourtant pu très vite quitter pour rejoindre son club de coeur. Pourtant, cet été, accompagné de Garnett, qui était devenu l’un des symboles du club, il a quitté les rangs des Celtics, et se dirigeant vers les Nets de Brooklyn. Un an après Ray Allen, qui a remporté avec le Heat son deuxième titre NBA il y a quelques mois, les deux derniers membres du Big Three du titre de 2008 et de la finale de 2010 quittent à leur tour le navire. La fin d’une ère, incontestablement.
Doc Rivers, l’autre symbole s’en est allé
Mais les départs ne s’arrêtent pas là. Si seuls trois joueurs ont quitté l’effectif, à savoir Pierce, Garnett et Jason Terry, Boston a aussi perdu son coach, au poste depuis dix ans, Doc Rivers. Devenu l’un des symboles des Celtics, l’entraîneur du titre. C’est donc un départ de plus, qui dévisage les Celtics et ne leur rapporte pas grand chose, puisqu’ils n’ont eu de la part des Clippers qu’un choix de draft en 2015, or le deuxième club de LA pourrait avoir un choix plus que moyen cette année-là s’ils continuent leur progression.
Laisser partir Rivers n’était donc pas forcément une bonne idée, puisque les Celtics n’ont plus grand chose à voir avec ce qu’ils étaient il y a encore deux ans. Plus de Pierce, plus de Allen, plus de Garnett, plus de Rivers, et Rajon Rondo blessé jusqu’à décembre au moins, c’est donc une opération reconstruction à laquelle est confronté le nouveau coach de Boston, Brad Stevens, tout juste sorti de NCAA et seulement âgé de 37 ans, âge moyen du Big Three de 2008 aujourd’hui: 36 ans pour Pierce, 37 pour Garnett et 38 pour Allen.
Repartir de zéro
A présent, il n’y a plus beaucoup de possibilités pour les Celtics. Ils doivent au plus vite reformer une équipe pour ne pas vivre une saison noire qui les verrait renoncer aux Playoffs pour la première fois depuis la saison 2006-2007. Dans l’échange comprenant Pierce, Garnett et Terry, Boston a récupéré quelques bons joueurs. Cependant, rien qui puisse rattraper la perte de ces trois-là. Gerald Wallace et Kris Humphries sont les deux seuls néo-bostoniens à présenter une assurance.
Mais tous deux sortent d’une saison difficile avec les Nets, ce qui explique probablement leur départ. Keith Bogans, lui, semble être un ajout pour le chiffre, comme cela lui est souvent arrivé. Apportant assez peu à ses équipes, il a visité sept villes différentes depuis 2003 et est sur quatre saisons de suite sans parvenir à dépasser les 5 points de moyenne par match. Pourtant, il est loin d’être le plus faible de l’échange. Pensez à Tornike Shengelia qui, drafté en 54e position par Philadelphie, a été immédiatement envoyé à Brooklyn, qui s’est empressé de s’en débarrasser en l’envoyant à Boston. La donne est la même pour Kris Joseph, sauf que celui-ci avait déjà fait le chemin inverse l’année passée. Ne jouant presque jamais avec les Celtics et passant plus de temps en D-League qu’en NBA, il avait fini par signer, en février dans l’équipe de D-League des Nets de Brooklyn, qui l’avaient pris en essai puis l’avaient fait signer pour l’ensemble de la saison. Pour presque rien, puisqu’il devenait encore plus invisible qu’avec Boston, ne marquant que deux petits points en quatre matchs et 30 minutes avec les Nets. D’ailleurs, son retour à Boston n’a pas duré longtemps. Il est a été lâché au bout de trois jours, puis a rejoint Orlando, qui vient de s’en séparer.
C’est donc avec des armes très limitées que doit agir Brad Stevens, nouveau coach des Celtics. La seule lueur d’espoir de l’équipe est Rajon Rondo, mais celui-ci a émis récemment la possibilité de ne pas jouer avant décembre. On voit donc mal comment Boston pourrait aller jusqu’en playoffs, surtout après la pré-saison catastrophique qui a été le leur (2 victoires pour 6 défaites). La saison débute cette semaine, et on va vite voir de quoi est capable cette équipe qui, bien que plus jeune qu’avec son Big Three, est également énormément moins talentueuse.