Bryan Coquard, Adam Hansen et Ed Clancy sur le podium des Jeux de Londres

C’est un nouveau venu dans le paysage du sprint français. Pour notre plus grand plaisir, Bryan Coquard a passé le pas, transitant de Vendée U vers Europcar, de la réserve vers la grande équipe, de la petite entreprise vers la grande maison-mère. Le sprint français, mené il y a quelques années par Jimmy Casper et Samuel Dumoulin, s’appuie à présent sur un trio plein d’avenir: Arnaud Démare – Nacer Bouhanni – Bryan Coquard. La France, historiquement un pays de grimpeurs et de rouleurs, possède aujourd’hui l’un des plus grands viviers de sprinteurs du peloton.

Pourtant, Bryan Coquard ne semblait pas destiné à devenir coureur sur route. Il a même mis le temps à réellement s’orienter vers cette discipline. Enfin, quand on dit que Bryan Coquard prend son temps, il faut tout de même prendre cette expression avec des pincettes. Car le garçon aime aller vite, et la vitesse le lui rend bien. Dans la vie comme sur son vélo, il est en quelques années passé d’un statut d’inconnu à celui d’étoile montante. Au début d’une carrière toute calculée, il s’est illustré sur les vélodromes. Entre 2009 et 2012, il a tout gagné, ou presque. Champion d’Europe et du Monde juniors en 2009, Coquard a à peu près tout essayé: Américaine, scratch, poursuite par équipe, course aux points…Quoi de mieux, pour un coureur d’une telle polyvalence, qu’une compétition regroupant plusieurs épreuves ? Le français a donc opté, très vite, pour l’Omnium, mélange d’à peu près tout ce qu’on peut faire sur piste. Avec succès. Si toutes ses victoires sur piste n’ont pas été des omniums, Bryan est devenu un grand de la discipline. A 20 ans, il possède donc deux titres mondiaux, une couronne et six médailles européennes et un maillot de champion de France, tout ça chez les juniors. Les élites ne lui ont pas longtemps résisté. A 18 ans, Coquard remportait les Championnats de France du scratch et de la poursuite par équipe. L’année suivante, en 2012, il changeait d’air, remportant l’Omnium et l’Américaine. Trois top 10 aux Mondiaux Elites et une breloque aux championnats d’Europe plus tard, Coquard se présentait aux Jeux de Londres, en tant que représentant de la délégation française sur l’Omnium.

Résultat ? Il était déjà leader à l’issue de la première journée et des trois premières épreuves, grâce à une victoire sur l’éliminatoire, dernier affrontement de la première moitié de compétition. Arborant le deuxième jour en leader, Coquard a tout d’abord craqué, sur la poursuite individuelle, avant de remonter au classement, avec deux nouvelles très bonnes performances sur le scratch et le kilomètre. Sur cette course dont le vainqueur est celui qui marque le moins de points, Hansen l’a emportée avec un total de 27. Les 29 de Coquard le plaçaient tout proche de la victoire, sans pour autant l’atteindre. Mais la deuxième place prise ce jour-là par ce garçon de 20 ans est un exploit retentissant. En fin d’année 2012, comme la plupart des médaillés des Jeux, Coquard est fait chevalier de l’Ordre national du Mérite. Déjà. A vingt ans seulement.

Bryan Coquard, Adam Hansen et Ed Clancy sur le podium des Jeux de Londres
Bryan Coquard, Adam Hansen et Ed Clancy sur le podium des Jeux de Londres

Se pose alors la question de l’avenir de Coquard. Va-t-il continuer la piste ou s’orienter vers la route ? Visiblement, la décision est déjà, à ses yeux, toute désignée. Il remporte, après les Jeux, cinq bouquets. Parmi eux, une étape du réputé Tour de Berlin, épreuve juniotd très disputée, mais surtout le Grand Prix de Plouay amateurs. Sélectionné pour les Mondiaux espoirs, Coquard y signe une nouvelle performance de haut niveau en arrachant la deuxième place, ne laissant le titre que pour quelques centimètres au kazakhe Alexey Lutsenko. Il n’en faudra pas plus pour le coureur de Vendée U pour être sûr de son avenir. En 2013, il courra chez Europcar. Comme Theo Bos, avec quelques années d’avance, Coquard quitte la piste, ayant trouvé la porte de sortie qui mène aux routes.

Désigné il y a quelques années comme l’avenir du sprint français, Bryan Coquard n’a pas déjoué les pronostics. Dès sa première course, l’Etoile de Bessèges, dès son deuxième dossard, sur la deuxième étape, il lève les bras, avec une légère avance sur Frédérique Robert. Deux jours plus tard, lors de la quatrième étape, ce n’est pas du tout la même histoire: Plusieurs longueurs séparent Coquard, vainqueur, de Michael Van Staeyen, alors leader de l’épreuve. Deuxième de la cinquième et dernière étape, Coquard termine à la septième place du général, malgré une étape difficile, loin de correspondre aux qualités des sprinteurs ordinaires.

Mais ce coureur de 20 ans et 10 mois n’est pas un coureur ordinaire. Ce serait lui manquer de respect que de dire cela. En plus d’être l’un des français les plus rapides dans la dernière ligne droite, Coquard peut se targuer de savoir très bien passer les courtes bosses.. Comme Bouhanni, comme Démare. Comme la nouvelle vague du sprint français. Le palmarès de Coquard est là pour prouver son talent: La plupart de ses performances juniors ne correspondaient pas à un pur sprinteur. Pourtant, sur l’Etoile de Bessèges, il a prouvé qu’il pouvait battre ces mêmes purs sprinteurs qui n’auraient pas résisté aux bosses des Mondiaux juniors ou du Grand Prix de Plouay. Coquard, c’est à peu près tout en même temps: Un excellent sprinteur, un excellent puncheur, un excellent pistard. Un coureur polyvalent comme on en a peut-être justement besoin en France depuis quelques années.

 

Bryan Coquard remporte la 4e étape de l'Etoile de Bessèges
Bryan Coquard remporte la 4e étape de l’Etoile de Bessèges
Coquard ou l’appel de la route