Le Tour de France 2005 est aujourd’hui une erreur dans l’histoire de la plus belle course du monde. 21 étapes auront servi à donner un classement général comptant pas moins de neuf coureurs, parmi les dix premiers, à avoir été impliqués dans une affaire de dopage. Un classement général totalement faussé, et un podium qui pourrait faire rire si ce n’était pas la vérité. Qui aurait gagné ce Tour, qui sont les coureurs qui n’auraient pas dû être là ?

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1er: Lance Armstrong

Ah, désolé, je me suis trompé. Lance Armstrong, ou L.A, c’est vous qui voyez, n’a jamais été convaincu de dopage. A vrai dire, le texan ne s’est jamais dopé. Il a profité du temps libre que lui a accordé sa chimiothérapie pour s’entraîner jusqu’à apprendre à grimper les cols deux fois plus vite. La crédibilité n’a jamais entouré l’histoire de Lance Armstrong. Ceux qui croient encore à son innocence sont ses plus grands supporters, aveuglés par leur amour du coureur qui a remporté 7 Tours de France et de 22 étapes de cette même course. Ils ressortent dès qu’on leur parle du dopage de Lance Armstrong les excuses qu’ils a lui-même trouvé pour se défendre. C’est un complot anti-américain ! Oui, c’est vrai, Armstrong est la cible d’accusations infondées qui n’ont pour but que de détruire son pays, les Etats-Unis, en l’attaquant par son fondement: Le cyclisme. C’est bien sûr impossible, mais les affaires de complot ont toujours évité de toucher le fond, de voir la vérité. Pour en revenir à la réalité, Lance Armstrong n’a donc jamais été suspendu pour dopage, ni n’a été convaincu de dopage par le TAS ou l’AMA. Non, comme je l’ai déjà dit plus haut, il a toujours trouvé l’excuse qu’il fallait pour éviter les procès. Mais, contrôlé positif aux corticoïdes et à l’EPO sur le Tour 1999, mais aucune enquête n’a été ouverte. En 2009, Tyler Hamilton, Floyd Landis et d’autres disent avoir vu l’américain avoir recours à des produits dopants. Si on ajoute à cela que Lance Armstrong est devenu un grand coureur après son arrivée chez US Postal, équipe qui a vu courir de nombreux dopés, plus personne, normalement, ne devrait encore croire en l’innocence de Lance Armstrong. Mais il persiste certains irréductibles, qui semblent décidés à ne jamais lâcher L.A.

2ème: Ivan Basso

Là, c’est différent. Ivan Basso n’a peut-être jamais avoué s’être dopé, il a peut-être toujours nié (et c’est son droit), mais l’italien, double vainqueur du Giro en 2006 et 2010, a été suspendu deux ans. La raison ? L’affaire Puerto. Vous qui lisez ces mots, vous avez peut-être déjà entendu parler de cette affaire qui a chamboulé le cyclisme et lui met encore, de nos jours, du plomb dans l’aile. Basso, lui, figure dans une liste de 50 clients de Fuentes, et est empêché de participer au Tour de France 2006, alors qu’il en était l’un des favoris. En effet, il avait réalisé en 2005 son meilleur résultat sur cette course, en terminant deuxième à un peu plus de six minutes de Lance Armstrong. Basso avouera, le 7 mai 2007, son implication dans l’affaire Puerto, avant de démentir, le lendemain. Mais ce faux-pas ne sera pas oublié, et Basso est suspendu deux ans à partir du 24 octobre 2006. Pourtant, il gardera son Giro, remporté cette même année, avec une marge historique de 9 minutes sur le deuxième et de près de 20 minutes sur le quatrième…

3ème: Jan Ullrich

Affaire compliquée qu’est celle de Jan Ullrich. Après que Jef D’Hont, ancien soigneur d’Ullrich, ait déclaré au printemps 2007 que le dopage était récurrent dans l’équipe Telekom, articulée autour de deux hommes quétaient Erik Zabel et Jan Ullrich, le magazine Focus annonçait à la fin de cette même année 2007 que l’allemand avait eu recours à l’EPO sur les tours 1996 et 1997, terminés aux 2e et premier rangs. Bjarne Riis, Erik Zabel, ou encore Bert Dietz, équipiers d’Ullrich aux moments des faits, ont avoué s’être dopés. Pas Ullrich. Profitant d’un certificat médical pour avoir recours à des corticoïdes sur le Giro 2001, il est contrôlé positif aux amphétamines en 2002. Ce ne sera que pour l’affaire Puerto qu’il sera pris. Tout comme Basso, l’allemand est dans la liste du docteur Fuentes. Désavoué par son entourage, il tombe le 9 février 2012. Le TAS le suspend deux ans et lui retire tous ses résultats datant d’après mai 2005. Cette troisième place sur le Tour 2005, dont je suis ne train de parler, lui est donc retirée. Le phénomène allemand, vainqueur du Tour 1997 à 24 ans, s’est donc dopé au moins à partir de 2005. Et avant ? Sûrement.

4ème: Francisco Mancebo

Le Tour 2006 arrive. Mancebo peut enfin prétendre à la victoire finale. 7e en 2002, 10e en 2003, 6e en 2004 et 4e en 2005, l’espagnol est enfin séparé du monstre Lance Armstrong, qui vient d’arrêter sa carrière après sept victoires consécutives. En plus dans une équipe française: AG2R, qui a réussi le gros coup des transferts en faisant venir le coureur de 29 ans. Mais, la veille de ce Tour qui pourrait devenir le plus beau de la vie de Mancebo, le rêve s’écroule. Comme beaucoup d’autres, il est impliqué dans l’affaire Puerto et ne peut participer au Tour. Il annonce du même coup la fin de sa carrière. Puis il reviendra, mais ne pourra jamais plus participer au Tour, encore moins y jouer un rôle important. Il déclarera alors que, « si toutes les équipes devaient respecter le code éthique pour être au départ, seul Jean-Marie Leblanc (directeur du Tour de France à l’époque, ndlr) y serait. Je me sens innocent étant donné que je n’ai jamais été contrôlé positif. » Jamais contrôlé positif, mais dans les petits carnets d’un homme qui a permis à plus de 50 coureurs de se doper. Alors, dopé ou pas ? Je répond oui, mais vous pouvez penser ce que vous voulez…

5ème: Alexandre Vinokourov

Non, Alexandre Vinokourov n’a pas été cité dans l’affaire Puerto. Et c’est bien le seul. Alors que la plupart des favoris du Tour de France ont été exclus en 2006, avant même le départ, à cause de cela, Vino, lui, est privé de cette course à cause de l’arrestation du directeur sportif de son équipe Liberty Seguros, Manolo Saiz, mais aussi, accessoirement, de l’implication de nombreux coureurs de cette même équipe dans l’affaire Puerto. Vinokourov devient alors le sauveur de l’équipe en trouvant un nouveau sponsor: Astana, nom de la capitale du Kazakhstan. A trois jours du Tour, la liste des coureurs impliqués dans Puerto est dévoilée, et inclut cinq coureurs d’Astana, ce qui réduit l’effectif du leader kazakh à 4 coureurs, soit trop peu pour participer à la Grande Boucle. Pas de Tour, donc, pour Vino, qui se rabattra sur le Tour d’Espagne, pour s’imposer. Vino n’est donc pas dopé, puisqu’il n’est pas impliqué dans l’affaire Puerto. Mais, sur le Tour 2007, alors qu’il est en lutte pour un podium final, il est contrôlé positif aux transfusions homologues. Forcé à l’abandon, il est ensuite suspendu deux ans. Lui aussi a donc été impliqué dans une affaire de dopage, et en a payé sa dette. Mais rien ne prouve qu’il n’était pas dopé en 2005.

6ème: Levi Leipheimer

Même si cette face du coureur américain n’est pas la plus connue, Levi Leipheimer s’est dopé plusieurs fois dans sa carrière. Dans l’ombre de Lance Armstrong, il n’a pas été mis sur le devant de la scène quand on devait parler du dopage, ce qui lui a évité d’être trop souvent pris dans le filet de l’AMA entre autres. Destitué de son titre de coureur du contre-la-montre en 1996 pour un contrôle positif, il est ensuite accusé, tout comme Armstrong, de s’être dopé alors qu’il était dans l’effectif de l’US Postal. Il sera également, en 2010, accusé d’avoir manipulé des produits dopants pour un usage personnel sur le Tour 2005, cette accusation provenant de son manager de l’époque, à la Gerolsteiner, Hans-Michael Holczer. Souvent impliqué dans des affaires de dopage, l’américain a toujours évité d’en parler. Et il a également profité du fait que des coureurs plus médiatiques étaient, aux mêmes époques, mis en cause pour dopage.

7ème: Michael Rasmussen

Bon, là, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de dire en quoi Michael Rasmussen s’est retrouvé impliqué dans des affaires de dopage. L’homme qui sprintait sur les pentes du Plateau de Beille en compagnie d’Alberto Contador a marqué les esprits ce jour-là. Mais aussi car, durant ce Tour, il a été exclu de l’équipe du Danemark et de son équipe Rabobank. Ayant manqué quatre contrôles antidopage, il ne peut continuer à participer au Tour de France dont il est le maillot jaune. Il sera également, au moment de ce Tour de France 2007, accusé d’avoir demandé à un ex-cycliste de transporter du sang dans des boîtes de chaussures. Des accusations qui font mal au cyclisme comme à son équipe. En 2008, pour finir, explose l’affaire Humanplasma. En compagnie de plusieurs de ses coéquipiers de Rabobank, Rasmussen est accusé d’avoir entreposé du sang dans un laboratoire autrichien pour s’en faire des transfusions sanguines. Encore une fois, Rasmussen se retrouve impliqué dans une affaire de dopage, et son image, déjà bien sombre, est un peu plus ternie. On ne discerne même plus les dents du coureur de ses oreilles, cette image est noire, totalement noire. L’affaire Mantoue, en 2010, parachèvera cette incrédibilité crescendo au fil des années.

8ème: Cadel Evans

Voici le premier coureur de ce Tour 2005 à n’avoir jamais été impliqué dans une affaire de dopage. Le Tour 2005, selon moi, devrait donc lui revenir. Car, à l’époque de cette course qui a vu l’australien prendre la huitième place de la Grande Boucle, les coureurs pris pour dopage ne l’ont pas fait qu’une seule fois. Sans dire qu’ils ont eu recours à cette technique de tricherie tout au long de leur carrière, ils ont en tous cas souvent profité des « bienfaits » du dopage. A ce titre, Evans, meilleur coureur sain du peloton du Tour 2005, devrait donc cette année-là figurer au palmarès de la plus belle course du monde. Le lauréat de la Grande Boucle 2005 devrait donc avoir remporté à deux reprises cette épreuve. Mais ce n’est que mon avis.

Si on suit le classement, on continue de trouver, dans les 24 premiers, un nombre impressionnant d’ex-dopés, ou de coureurs y ayant encore, de nos jours, recours. Floyd Landis (9e), Oscar Pereiro (10e), Christophe Moreau (11e), Eddy Mazzoleni (13e), Jörg Jaksche (16e), Oscar Sevilla (18e), Andrey Kasheschkin (19e), Leonardo Piepoli (23e) ou encore Michael Boogerd (24e) ont, au cours de leur carrière, vu leur nom cité dans des affaires de dopage. Ce Tour de France a signé l’apogée du dopage, quoi qu’on en dise, car son palmarès est en grande majorité constitué de coureurs au passé sulfureux. Si on ajoute à ces 16 coureurs sur les 24 premiers que les « dopés » ont remporté 11 étapes sur les 21 de ce Tour, on obtient un bien triste bilan. Pour finir, voici le classement général « rectifié » du Tour 2005:

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1. Cadel Evans
2. Yaroslav Popovych, à 7’07 »
3. George Hincapie, à 11’45 »
4. Haimar Zubeldia, à 11’48 »
5. Bobby Julich, à 12’13 »
6. Giuseppe Guerini, à 21’07 »
7. Carlos Sastre, à 22’29 »
8. Xabier Zandio, à 24’25 »
9. Paolo Savoldelli, à 32’35 »
10. Georg Totschnig, à 37’19 »

2005, tour des scandales