Le 11 juillet 2011, lors de la neuvième étape du Tour de France, une chute – une de plus sur cette édition qui en a vu un nombre impressionnant – envoyait à terre Alexandre Vinokourov, leader de l’équipe Astana dont il est l’un des fondateurs. Le cyclisme est en état de choc. Voir le kazakhe, coureur au panache qui en a séduit plus d’un, au sol, cela relevait de l’imaginaire. Quelques heures après l’abandon de « Vino », la nouvelle tombe: le kazakhe est victime d’une fracture du fémur. A 38 ans, sa carrière est terminée. Il l’annonce sur le site de son équipe le 17 juillet, puis le confirme quelques jours plus tard sur l’antenne de France 2. En pleurs. Mais beaucoup doutaient qu’il accepte que la dernière image d’un Vino coureur professionnel soit celle d’un Vino souffrant, au bord de la rupture, sur le bord de la route.

Et ils avaient vu juste. Un beau jour d’automne – très bon même pour les fans du champion kazakhe, celui-ci allait annoncer qu’il souhaitait revenir lors du Tour de Lombardie, avant d’arrêter sa carrière. Mais il changera vite ses plans, décidant de prolonger son contrat d’une année complète. Cette pratique aura paru honteuse aux yeux de beaucoup, évaluant que ce retour n’était qu’un coup comptable de l’équipe Astana pour rester en World Tour. Que nenni, répondirent-ils. Ils ne pouvaient pas laisser leur légende arrêter sa carrière de cette manière.

Vinokourov reprenait donc la compétition lors du Grand Prix des Nations, pour un temps de soin éclair, mais était fantomatique sur les quelques quarante kilomètres du contre-la-montre. Cependant, sa saison 2012 pourrait bien être largement meilleure. Car Vinokourov, c’est bien sûr un palmarès d’exception, j’y reviendrai plus tard, mais c’est surtout un talent hors normes et un panache qui laisse pantois. Car c’est ce dernier point qui a séduit tant de spectateurs, allant des téléspectateurs ne connaissant que le Tour aux experts les plus pointus. Vino a toujours signé ses exploits grâce à ses attaques tranchantes et sa tactique de course incroyablement intelligente.

Ces aspects de la course qu’il a acquis au cours des années, sur 13 ans de carrière au plus haut niveau, lui ont permis de signer des succès de prestige à travers l’Europe, terre du cyclisme. Chez Cofidis, l’équipe de ses débuts, il a remporté les Quatre Jours de Dunkerque 1998, le Critérium du Dauphiné 1999 avant de partir vers Deutsch Telekom. S’ensuivront des victoires comme le Tour d’Espagne 2006, deux titres sur Liège-Bastogne-Liège (2005 et 2010), le Tour de Suisse, le Tour d’Allemagne, Paris-Nice à deux reprises, et l’Amstel Gold Race 2003. Ajoutez à cela quatre victoires d’étapes sur le Tour, autant sur la Vuelta, et une troisième place finale lors du Tour 2003, et vous obtiendrez l’un des plus beaux palmarès du cyclisme moderne.

Mais une chose manque à Vinokourov. Cette chose, il était venu sur le Tour en 2011 pour la tenir enfin entre ses mains. Le maillot jaune. Malgré toutes ses victoires, il ne l’a jamais porté. C’est ce qui manque à sa carrière pour entrer dans une nouvelle dimension. Pour 2012 ?

Vinokourov chez Astana en trois images

Vino en sera