En l’absence de Cancellara, Boonen était le grand favori. Avec une pancarte énorme sur le dos, ses chances de victoire étaient légèrement plus faibles, mais il a su tirer son épingle du jeu d’une façon totalement imprévue. Avec quatre victoires, il entre dans l’histoire.

Du spectacle, on en a eu !

On pouvait penser que la course sans Cancellara serait bien plus ennuyeuse qu’avec lui. On se trompait. Jamais, du début à la fin de ces 257 kilomètres et demie de course, on a pu ressentir de l’ennui ou de la nostalgie en repensant aux éditions avec Cancellara. Des chutes, des crevaisons, c’est le lot habituel de Paris-Roubaix. Mais, ce qu’on a eu aujourd’hui, c’est tout autre chose. Une échappée qui prend du temps à se former

Ce n’est qu’au bout de 70 km de tentatives qu’une première échappée se forme. Veuchelen et De Haes en sont à l’origine. Ils sont rejoints par douze hommes, dont Boucher et Mangel. Ils auront eu jusqu’à cinq minutes de marge. Finalement, l’échappée ira jusqu’à 60 km de l’arrivée. Le moment où l’impossible est arrivé…

Le jour où Boonen a attaqué

Boonen, favori, l’un des meilleurs sprinteurs du peloton, devait attendre l’arrivée sur le vélodrome pour se montrer. Beaucoup voyaient la course comme ça. Les OPQS allaient rouler toute la journée pour emmener leur leader à la perfection. Mais il n’en a rien été. A 56 km de l’arrivée, Boonen sort. Intraitable, imbattable, il augmente régulièrement son avance, sans jamais douter de sa capacité à pouvoir aller au bout. A 5 km de l’arrivée, son avance atteint un seuil important: Une minute et trente secondes. C’est fait, même avec un ennui mécanique ou une crevaison, Boonen va s’imposer. D’ailleurs, il n’en connaîtra pas. Arrivé sur le vélodrome en homme fort, il passe la ligne en champion.

 

Encore une fois, Boonen entre dans l’histoire du cyclisme

Depuis deux semaines, c’est la mode chez le belge. Recordman de victoires sur le GP E3, puis Gand-Wevelgem et le Tour des Flandres, il ajoute son nom aux côtés de Roger de Vlaeminck sur l’Enfer du Nord. Quatre succès sur la Reine des Classiques, et dix sur l’ensemble des trois grandes flandriennes. Boonen est imbattable depuis le début de l’année, et l’a encore confirmé à Roubaix. En France, il connaît là l’une des plus belle victoires de sa carrière ! Une carrière qui est loin d’être terminée, qui ne fait d’ailleurs que commencer. La vitesse moyenne est énorme: 43,48 km/h !

Derrière, on se bat pour les places d’honneur

Ils auront connu tout ce qu’il est possible de connaître sur Paris-Roubaix. Les trois auront attaqué, les trois auront crevé, les trois auront douté. Boom, Flecha et Ballan arrivent après Boonen sur le vélodrome. Mais ils sont repris, dans le dernier tour, par Terpstra et Turgot ! Le français fera d’ailleurs le sprint, et finira deuxième de cette 110e édition, devant Ballan, encore sur le podium d’une classique ! Le français est le premier tricolore sur le podium de Paris-Roubaix depuis la victoire de Guesdon en 1997. Derrière, Flecha et Terpstra font 4 et 5, alors que Boom a craqué dans le dernier tour et finit 6e. Tosatto, septième, apporte de précieux points World Tour à Saxo Bank, alors que Ladagnous, extraordinaire toute la journée mais malchanceux dans le final, ne prend que la douzième place.

 

Beaucoup de chutes

S’il y en a une que l’on devait retenir, ce serait celle des échappés. Dans la Trouée d’Arenberg, cinq des douze hommes de tête chutent lourdement, percutant les barrières de sécurité. Ils se relèveront, mais seul David Boucher reviendra sur la tête. Outre cette chute-là, on aura pu voir au sol de nombreux favoris. Hushovd, Ballan et Hincapie, pour la malchance BMC, mais aussi Pozzato, mais aussi Gallopin, leader de la Radioshack, et Guesdon, pour sa dernière course, visiteront les pavés de l’intérieur. C’est beaucoup, mais c’est moins que les années précédentes, dont la dernière. Pourtant, cette année, on a eu beaucoup de coureurs attardés sans être fautifs. Chavanel et Ladagnous, côté français, alors qu’ils étaient aux avant-postes, ainsi que Ballan et Pozzato, Boom, Edvald Boasson Hagen…Beaucoup de crevaisons, quoi.

 

Des français qui sortent de nulle part

Turgot, deuxième, Ladagnous, douzième, et Chavanel, qui aurait joué le podium sans sa crevaison, ont impressionné. Surtout, ils continuent de prouver la reconstruction du cyclisme français. Depuis un an et demie, les tricolores reviennent au haut niveau, et, plus que jamais, on peut rêver à une génération dorée. Pas de grande victoire, mais des places dans les dix de toutes les courses, et c’est déjà bien mieux qu’avant. Pour affiner les résultats des français aujourd’hui: Chainel fait 16, devant Casper, 19e. Gaudin (25e) et Petit (28e) ont eux aussi fait une belle course. Ce dernier a même battu au sprint Tyler Farrar !

 

Guesdon dit au revoir

Cette 110e édition de Paris-Roubaix, c’était aussi l’occasion pour Frédéric Guesdon de tirer sa révérence. Vainqueur en 1997, il était le dernier français à avoir gagné la plus belle des classiques. Et, comme un signe du destin, Sébastien Turgot, en finissant sur le podium, met fin à quinze ans sans français dans les trois premiers. La boucle est bouclée, et la relève de Guesdon semble assurée. Chez FDJ, Ladagnous semble capable de tout. Avec l’arrêt de Guesdon, c’est un monument du cyclisme français qui s’en va, mais il ne sera jamais bien loin.

 

TOP 10

1. Tom BOONEN Omega Pharma – Quick Step 5h55.22″
2. Sébastien TURGOT Team Europcar + 1.39″
3. Alessandro BALLAN BMC Racing Team m.t.
4. Juan Antonio FLECHA Sky Pro Cycling m.t.
5. Niki TERPSTRA Omega Pharma – Quick Step m.t.
6. Lars BOOM Rabobank Cycling Team + 1.43″
7. Matteo TOSATTO Team Saxo Bank +3’31 »
8. Mathew HAYMAN Sky Pro Cycling m.t.
9. Johan VAN SUMMEREN Team Garmin – Barracuda m.t.
10. Maarten WYNANTS Rabobank Cycling Team m.t.

Paris-Roubaix : Boonen entre dans l’Histoire de France