Carte d'un tour
Danemark, Irlande, Royaume-Uni, Belgique : Tous ces pays ont un Tour national. Pourtant ce n’est pas ce qui les empêche d’accueillir le départ d’un Grand Tour. Vuelta, Giro et Tour de France n’hésite plus à faire des départ outre-frontière, parfois à des milliers de kilomètres de leurs terres. Pour autant un Tour d’Europe est actuellement très difficile à mettre en place.

 

Un contexte facilité

Au vue du contexte européen et la volonté des Etats membres de créer une union presque totale de l’ensemble des 28 pays de l’Union Européenne, ce projet ne parait pas farfelu, loin de là. Ce serait même un symbole fort vis-à-vis des partenaires mondiaux, qu’ils soient commerciaux ou diplomatiques et afficherait, au moins sportivement, une union sacrée. De plus le partage des coûts permettrait de réduire les dépenses de chaque pays ou organisateur national. Mais le volet financier n’est pas aussi simple.

 

Qui pour payer ?

Fédération nationale ou organisme privé. Qui prendrait les frais à sa charge et surtout qui mettrait la main à la poche ? Les fédérations nationales auraient intérêt à financer cela car ça permet de mettre en avant le sport dans le pays. Les organismes type ASO eux voient avec avidité les retombées financières que permettrait un Tour d’Europe.
Seulement pour les « fédés » raisonnablement pensé que la Roumanie, qui n’a pas une grande culture cycliste, rechigne à payer un pot commun européen pour l’organisation de cet événement. De même tous les pays ne pourront être visités lors d’une même édition et le problème financier ressurgit donc pour ceux qui ne le sont pas.
L’effet inverse est vrai aussi puisque la France, l’Italie ou l’Allemagne, ne voudront peut être pas se contenter d’une seule étape (voire moins) par édition. Alterner, à l’image de l’Eurovision peut être une solution, mais à quelle fréquence et selon quelle zone ?
 
Le directeur Michele Acquarone serrant dans ses bras la mascotte du Giro d’Italia

Qui pour organiser ?

ASO et RCS sont les deux organismes majeurs dans l’événement cycliste. Ils sont responsables de l’organisation d’un grand nombre de course de haut niveau et paraissent les mieux placé pour mettre en place un tel projet. Le nombre d’étape se doit d’être important pour offrir une large revue de ce qui se fait en Europe et diversifier le parcours…mais le travail est augmenté en conséquence. Ces deux firmes ont-elles les moyens d’organiser un second Grand Tour, puisque c’est de cela qu’il s’agit ? Pas si sûr. On voit mal aussi les organisateurs de la Vuelta s’immiscer dans ce jeu au vue des difficultés du pays et un nouvel organisateur n’aurait sans doute pas la légitimité ni les relations nécessaires pour monter une épreuve attractive.

 

Quel place dans le calendrier ?

Monter une épreuve n’est pas chose facile. Il faut de l’argent bien sûr mais aussi des relations avec les équipes, les coureurs, les fédérations et enfin à l’UCI. Il est évident que l’organisme mondial mettra davantage en avant une épreuve si les composantes précédentes sont réunies. Les coureurs sont attirés par un parcours à leur avantage et bien placé dans le calendrier. Or placé, au moins, deux semaines de course dans le calendrier sans le bouleverser complètement parait très difficile vu la multitude de course qui se sont créés ces dernières années. Cette course n’a pas vocation à être une course de préparation à d’autres courses, ce serait gâcher une opportunité de faire une belle course.
 
L’emblème de la Course de la Paix en 1987

Une mauvaise expérience

Parler de Tour d’Europe comme une nouvelle épreuve, c’est oublié qu’une tel épreuve a existé…et existe toujours. A la fin des années 1980, pour promouvoir le cyclisme dans son sein, mais surtout pour des arguments économiques, la Communauté Européenne a subventionné le Tour de l’Avenir. Le nom fut alors Tour de la Communauté Européenne. Mais la course ne s’est jamais imposée sous ce nom, la nature ayant peu à peu disparu jusqu’à ce que les subventions soient coupés et que l’épreuve redevienne Tour de l’Avenir.
L’autre parent est la feu-Course de la Paix. Disputée en Europe Centrale elle figurait au calendrier UCI jusqu’en 2006. Cette course qui vouloit promouvoir la paix et l’union entre les pays se déroulait entre Berlin, Prague et Varsovie à l’origine. Sentiment renforcé lors des dernières éditions qui sont partis de Hanovre et Bruxelles entre autres. Mais le dopage et l’environnement difficile du cyclisme ont eu raison de cette épreuve majeure pendant plusieurs décennies.

 
 

Il est difficile à l’heure actuelle d’imaginer un Tour d’Europe qui se veut vraiment européen. La solution de l’alternance ne peut satisfaire tout le monde et la seule solution pour allier performance et recettes seraient que le nom soit usurpé et ne se déroule que sur une petite partie de l’Europe. En cyclisme comme ailleurs, les finances régissent tout.

 
 

(propos de KArt)
Bientôt un Tour d’Europe ?