Photo de l'équipe Euskaltel Euskadi

Le monde du cyclisme est en crise, c’est le moins que l’on puisse dire. En cette fin d’année 2013, pas moins de cinq équipes professionnelles ont quitté le bateau, aucune ne s’est créée ! D’ailleurs, en 2014, situation plutôt cocasse, il y aura plus d’équipes World Tour que d’équipes Continental Pro. Sauf que qui dit moins d’équipes dit moins de coureurs.

Des équipes qui s’arrêtent

On le savait et sa présence en World Tour en 2013 n’était due à qu’à des recrutements dénaturant sa philosophie, la mythique équipe espagnole Euskaltel-Euskadi a déclaré son arrêt à la fin de la saison 2013 il y a déjà quelques mois. Mais un projet de reprise était envisagé, et les coureurs ne souhaitaient donc pas trop s’engager sur un départ. Mais alors que des négociations étaient bien avancées entre le pilote de Formule 1 Fernando Alonso, fan de cyclisme, et l’équipe espagnole, celles-ci ont été stoppées net par le pilote Ferrari fin Septembre, alors que le marché des transferts était déjà bien avancé. Pas de quoi aider les coureurs de l’équipe basque à retrouver une formation pro en 2014. Heureusement, la plupart ont pu trouver des portes de sorties grâce au prestige d’Euskaltel-Euskadi, même si certains ont dû attendre, comme Igor Anton qui a rejoint la Movistar il y a juste une semaine. Mais pour des coureurs d’équipes comme Champion System ou Sojasun, la tâche s’annonçait plus ardue. En effet, le pedigree de ces coureurs est moindre, les équipes World Tour sont donc moins enclins à les engager ; et les places sont peut nombreuses dans les équipes continentales, limitées à 25 coureurs.

Certains coureurs en pâtissent

Dans le flot des retraités, il y a chaque année ceux qui sont trop vieux pour continuer, ceux qui quittent le monde cycliste pour des raisons personnelles (à l’instar de David Veilleux qui a pris sa retraite pour se consacrer à ses études en génie mécanique) et malheureusement ceux qui quittent le monde des professionnels. Et cette année, ces derniers semblent un peu plus nombreux que les années précédentes … Dernier en date, Wouter Mol a mis un terme à sa carrière après le retrait de l’équipe néerlandaise Vacansoleil. Le néerlandais de 31 ans a choisi de retourner courir chez les amateurs. C’est par ailleurs l’option la plus choisie de la part des coureurs qui choisissent de raccrocher, faute d’employeur. Car si certains veulent retourner pleinement dans la vie active, il leur faut souvent faire des formations pour se reconvertir. Le problème est là : les coureurs qui se retrouvent dans des situations comme celles-ci sont loin d’être les plus médiatisés et donc pas ceux qui ont gagné le plus d’argent. Surtout au cours d’une carrière écourtée. Certaines mauvaises langues diront qu’ils n’ont pas mis l’envie pour chercher une nouvelle équipe. Mais cela n’est pas de tout repos, et les places se font de plus en plus rares. De plus, l’annonce de la fin d’une équipe est rarement faite tôt dans la saison, il y a toujours un espoir de repreneur, de co-sponsor. Mais lorsque la sentence tombe, dans les dernières semaines de la saison cycliste, les coureurs se sentent plutôt démunis, surtout ceux qui ont encore des années de contrat (comme Jérémie Galland chez Sojasun). Pour eux, il faut se battre mais surtout proposer un profil vraiment intéressant aux managers. Sauf que pour les équipiers, hommes de l’ombre, c’est loin d’être gagné …

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La mythique équipe basque risque de bien nous manquer …

Le cas Chris Horner

Chris Horner non plus n’a pas encore trouvé d’employeur pour la saison 2014. Pourtant, il présente un (très) bon niveau, et qui plus est à 42 ans. Et c’est là que le bât blesse. On pourrait considérer que le fait qu’il soit trop vieux est un frein, mais ce n’est certainement pas la raison principale. En effet, alors que nous sommes dans une époque d’un cyclisme (enfin ?) propre, l’américain vient de remporter, la quarantaine passée, son premier Grand Tour, le Tour d’Espagne. S’il est un coureur d’un bon calibre, il n’avait jusqu’alors jamais atteint le niveau d’un vainqueur de Grand Tour. Certains diront que le fait de ne pas avoir couru pendant près de cinq mois à cause d’une blessure au genou peut être un avantage sur trois semaines, mais les soupçons sont relativement présents dans le peloton. Et alors que le MPCC (Mouvement Pour un Cyclisme Crédible) prend de plus en plus d’ampleur, pas question pour les équipes de faire un faux pas en le recrutant et la seule équipe qui semble prête à l’accueillir (Androni Giocattoli) n’a pas les ressources financières nécessaires. Heureusement.

Que faire pour y remédier ?

Pour ces coureurs qui ont déjà pris leur décision (Galland, Mol, Talabardon, Saez de Arregi …), pas grand chose pour la saison 2014. Mais une possible fin de crise économique prochaine et l’arrivée à la tête de l’UCI de Brian Cookson pourraient permettre d’éviter une telle situation dans les années à venir. Car certes, des sponsors stoppent chaque année, mais c’est de plus en plus le cas à cause des affaires de dopage qui sont en train d’éclater au grand jour. Le cyclisme est en train de se reconstruire une image, une image propre et bonne pour le futur. On peut d’ailleurs noter un bon point du côté de ces équipes en difficulté aussi bien financière que sportive et qui doivent renoncer à leur existence : début décembre, on a appris dans le journal L’Équipe que Sojasun sera un des sponsors de l’équipe italienne Cannondale l’an prochain. Un coureur de l’équipe rennaise (Jean-Marc Marino), ainsi que Stéphane Heulot, Lylian Lebreton, un mécanicien, un physiothérapeute et un chargé des relations publiques viennent rejoindre l’équipe dirigée par Roberto Amadio. En vue de la création d’équipes réserves pour les équipes World Tour en 2015, Cannondale a peut-être allié l’aide et le côté bénéfique. De plus, on sait d’ores et déjà qu’au moins une équipe va être créée pour la saison 2015. En effet, si Fernando Alsono n’a pu boucler les négociations avec Euskaltel-Euskadi pour la saison à venir, il n’a pas pour autant renoncé à son envie d’avoir son équipe cycliste. La présentation du FACT (Fernando Alonso Cycling Team, le nom de code) devrait être effectuée en juillet prochain. Et brandir des stars en tête d’affiche.

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Alonso, une sorte de messie pour le cyclisme ?
Arrêter, faute de trouver